Otaries à fourrure - Arctocephalus pusillus, Cape Cross, Namibie, le 3 août 2003
Ils étaient nombreux à battre le pavé, ils seront nombreux jeudi et d’autres jours encore, souvent, à chaque fois que le camp de la démagogie l’exige, en prévision d’autres échéances. Tous les quatre ans en moyenne, c’est le grand raout organisé, l’ablution initiatique pour des centaines de milliers de jeunes à rapprocher des urnes, le grand vent de la sensibilisation sociale, comme ils disent, soufflé par des conduits bien ramonés. A chaque époque son prétexte, sa faille savamment entretenue. Mais le scandale est-il ce CPE, pauvre piécette de bure sur un oripeau tout effiloché, ou l’incapacité chronique du pays à retisser une bonne fois pour toutes son bleu de chauffe ? Le scandale est-il de faire mentir Mitterrand pour qui « tout a été fait contre le chômage en France » avec une petite tambouille néo-libérale ou de laisser les facs fabriquer à qui mieux mieux des millions d’inadaptés au monde du travail ? Le scandale est-il de chercher à suivre, au pas d’une ballerine unijambiste, ses homologues européens (dont l’Angleterre et l’Espagne) sur la voie de la flexibilité ou de continuer à incriminer jusqu’à la vomissure rougissante les créateurs de richesse ? J’ai mal à mon pays, à sa mésintelligence et à ses dogmes, à sa mauvaise foi transversale. Je peste à ses retards, à son entropie, à sa propension maladive à confondre pertinence et schématisme, audace et non-concertation. Entre les uns qui ne réussissent qu’à nous vendre cher le dégoût des réformes et les autres qui achètent des voix à bas prix sous les semelles des jeunes, le marché des idées est à la peine. Et la corbeille d’un avenir pour la France reste désespérément vide.
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