Didier Lockwood, Jazz Club de Grenoble, le 30 mai 2006
Ma plus belle connerie, ce n'est pas d'avoir quitté la fille que j'aimais, ni d'avoir dit merde un jour à mon père. J'ai arrêté le solfège, juste avant l'adolescence, après un déménagement. Ca ne m'a pas manqué tout de suite, il y a tellement de choses à apprendre à cet âge... Et maintenant plus la vie va, plus ça me lance. Il manque un alphabet pour écrire mes sentiments. Des couleurs sur la palette restent introuvables. Et je m'épuise à constater déjà que le tableau sera inachevé. La souffrance reprend plus vive chaque fois que je vais à un concert. J'ai le plaisir du spectateur. Pas le plaisir du dialogue. L'envie d'être à côté du musicien devient presque une envie jalouse. J'avais tout ça à dire, moi aussi, au monde, aux étoiles et aux mouches. Pauvre mélomane, le cul sur sa chaise, la langue à moitié morte.
(Didier Lockwood a joué avec le pianiste Alfio Origlio hier soir, deux heures de pur désespoir bonheur évidemment)
Les commentaires récents