Lézard vert oriental - Lacerta viridis f. meridionalis, Plitvice, Croatie, le 9 mai 2006
Tu n’aimerais pas les lézards du jardin, les gros verts te feraient peur. On mangerait des tuiles aux amandes et des éclairs à l’heure du thé, on marcherait l’hiver sur les plages de Dieppe avec des cabans bleu marine. Je t’aurais fait trois enfants en quatre ans et demi, deux garçons pour l’avenir de la France et une fille pour ton père. Je me serais assis au piano le samedi soir, le concerto n°2 de Rachmaninov, les ballades bringuebalantes de Graeme Allright et des imitations de Vincent Delerm pour rire. On aurait pu rouler dans une Scenic gris métal aussi, filmer notre vie comme dans une pub des années 80, avec les mêmes grimaces, les mêmes mimiques pour singer le bonheur. Je ferais des sudokus pour me détendre après dîner, toi tu lirais Franck Pavloff dans le rocking-chair acajou sous les tentures du bureau. Tu dirais tout ça sans trop le dire dans un weblog, ces petits sites Internet à la mode qui font bavarder des gens qu’on ne voit pas. Mais ce que tu aimerais le plus, c’est te lever bruyamment le dimanche matin. Chaque fois tu ouvrirais grand les volets au saut du lit, tu laisserais le jour cramer mes rêves encore blottis avant de disparaître à moitié nue dans la salle de bains. Tu ferais couler l’eau très fort juste après pour couvrir tes sanglots. Les lézards n'aiment pas la pluie.
Les commentaires récents