(Glacier des Rouies, Hautes-Alpes, le 28 mai 06)
« La montagne n’est pas hostile à l’homme. Ses forces nous sont pour la plupart bienfaisantes. Mais les mouvements puissants de sa vie propre, au cours des millénaires comme au cours des saisons, sont tellement disproportionnés avec la fragilité de notre courte vie, qu’une adaptation laborieuse doit être faite pour vivre avec elle, effort qui est naturellement tout entier de notre côté. Nous n’avons pas assisté au mouvement qui a dressé ses larges plis, mais nous avons à compter avec son retour à un nivellement qu’heureusement nous ne verrons pas. Le gel, le vent, la pluie, la neige comblent peu à peu les vallées par la démolition des sommets, et c’est cette mort lente de la montagne qui contient le plus de menaces pour notre propre vie. »
Quelques phrases piochées au hasard, dans un précieux petit livre déniché aujourd’hui au cours d’un reportage. A Saint-Christophe-en-Oisans, minuscule village d’une quinzaine d’âmes accroché au massif des Ecrins, où l’arrière arrière-petite-fille de Gaspard de la Meije, pionnier de l’alpinisme, tient l’émouvant hôtel-restaurant-librairie « La Cordée ». L’édition originale du célèbre « En campant sur l’alpe », de Maria Jalek (Editions Stock, 1937), avec sa couverture molle d’époque et son odeur puissante de vieux papier, fait partie de ces petits trésors inattendus qui donnent du ciel à mes jours encombrés.
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