(village d'Istrie, Croatie, le 17 mai 06)
J’avais tout préparé
Tout devait disparaître
Mon sourire amarré
A sa bouche entrouverte
Je lui parlais du ciel
Des oiseaux, de musique
Comme on parle au soleil
Comme on vend sa boutique.Un silence pour le style
Un tristus esquissé
Avant le rire tranquille
Et le regard plissé.
Je repartais vainqueur
Sur la mer, l’Atlantique
Les enfants, le bonheur
Comme on chante un cantique.Je plaçais deux-trois mots
D’Aragon, de Prévert
Pour faire un peu philo
Epaissir le mystère.
Le bar était à nous
Les lumières tamisées
Et Otis à genoux
Attisait mes idées.Je déviais le cours
De sa voix au lactose
Je bâtissais autour
D’autres mots, d’autres proses.
D’un cocktail et de deux,
Je tournais autour d’elle
Je m’enfuyais aux cieux
Qu’elle peignait de ses ailes.Gagnant de l’altitude,
Je perdais mes repères
Mes plans, mon attitude
Et les mots pour lui plaire.
J’oubliais de lui dire
Tout ce qu’elle m’inspirait
Je n’ai pas vu son rire
Doucement expirer.Elle a fixé l’horloge
Et lâché l’hameçon
J’ai senti des reproches
S’abattre sur mon front :
Ennuyeux, terne, imbu
De soi, mauvais champagne,
Elle n’a même pas voulu
Que je la raccompagne.J’avais tout préparé
Mais j’ai dû disparaître
Un souvenir gâché
L’été à la fenêtre
Je l’ai revue partout
J’ai fait signe cent fois
Mais l’amour en deux coups
Tu ne le gagnes pas.(texte écrit quelque part vers 1992)
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