(Humahuaca, Argentine, le 9 août 06)
Chaque voyage m’interroge un peu plus sur le monde. Le monde tel qu’il va, le monde tel qu’on nous le sert aussi à travers les médias. J’avais imaginé de l’Argentine un pays moderne et véloce comme l’est son équipe de foot, stabilisé à la proue d’un continent dont les dérives ne sont certes pas que tectoniques. Il y a bien un peu d’Espagne qui fanfaronne dans les grandes villes et l’influence galloise en Patagonie fait briller les théières, mais il y a surtout des millions de gens, dont une immense majorité d’Indiens, qui n’ont pas fini de souffrir. Dans le nord-ouest andin comme à Buenos Aires, la grande pauvreté condamne les enfants à une errance qui a alourdi la nôtre. Montrer les richesses naturelles de l’Argentine (et le trésor a dépassé mes espérances) en deviendrait presque déplacé si les photos présentées ici ces prochaines semaines ne voulaient aussi inciter chaque lecteur au voyage. Il faut visiter l’Argentine, comme il faut visiter la Bolivie et le Pérou aussi. Porter notre regard, offrir notre compréhension et investir nos élans dans un tourisme garant des équilibres. Cet enfant qui m’a joué une ode à son village et aux oiseaux ne doit pas aller demain perdre sa flûte entre les gris tentacules de la capitale.
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