(sentier de la Sitre, Isère, le 5 juin 04)
Pendant des dizaines de siècles, l’Homme n’a cessé d’interroger la Nature, portant son regard angoissé sur les monstres et les divinités de Gaïa, toutes ces créatures qui ne lui ressemblent pas et le concurrençaient parfois. Il a inventé des mythes pour cacher son impuissance à comprendre ce qui l’entourait, cloué d’innocents oiseaux de nuit aux portes des granges pour s’épargner des colères dévastatrices du ciel. Aujourd’hui, et alors même qu’il n’a pas fini de compter les espèces qui peuplent la Terre, l’objet de son inquiétude a changé. Ce sont les outils qu’il a inventés pour s’approprier cette Nature qui lui posent problème. Le nucléaire et surtout la génomique, catalyseurs d’un certain progrès, préparent d’autres catastrophes si la réflexion éthique qui infuse en Europe n’arrive à endiguer les tentations mercantiles ailleurs. Il lui faudra faire vite. Le principal enjeu de l’éthique, et non des moindres, sera de réunir à elle les différentes ambitions pour la destinée humaine. Mû par l’implacable précepte du droit et de la liberté de choix, le mercantilisme ne cèdera pas facilement le pas à l’impératif inconditionné : déterminer l’individu à n’agir que dans la perspective de l’universel. Nous devrons sans tarder nous réconcilier avec la poésie gratuite des gouttes d’eau, uniques et unes, pour nous saisir du suc de cette Universalité-là.
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