(Montvendre, Drôme, le 11 nov. 04)
C’était après quelques silences, quand le vent du soir jouait dans les dernières feuilles. Nous avions fini le café et la tarte aux pommes. Les sujets du quotidien avaient été à peu près tous épuisés et maintenant nous parlions du temps. Même pas du temps qui passe. Non, du temps qu’il fait. Du temps prévu pour les prochains jours. Ce n’était pas l’ennui qui nous avait guidés là. C'était enfin de l'amour. Le ciel voilé, l’anticyclone des Açores et la fraîcheur matinale, tout ça n'était qu'une façon d’éviter d’engager nos différences, une méthode inconsciente pour effacer les nuances des cœurs. Insister sur la pluie qui n'arrive pas, c'était aussi une stratégie pour s'approprier le beau des choses, quand bien même nous sentions que novembre nous filait entre les doigts. On se rassurait encore avec le soleil qui persisterait toute la semaine. Et tous ces matins de givre à venir étaient des matins qui nous verraient vivre encore un peu ensemble.
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