(Puerto Madryn, Argentine, le 21 août 06)
J’entendais l’autre jour Yann Moix dire qu’il fallait se méfier de "trop d’écologie", de cette façon "douteuse" de se prosterner devant la protection de la Nature. L’écrivain-cinéaste se hâtait d’une comparaison avec le culte de la sylve, de la béatification de la forêt par l’idéologie nazie des années 1930. Navrant. Encore une fois, la pensée se fige et se raccourcit, prend des chemins de hasard, pioche n’importe où avec pour seul but, pour celui qui l’énonce, d’être un peu plus original que le voisin. Quitte, d’entrée de jeu, à semer le doute dans les consciences pas encore préparées à l’enjeu de la réconciliation avec le vivant. Car il n’est question d’autre chose que de réconciliation avec la vie et donc avec nous-même dans l’écologie. La dégradation continuelle de la Nature est une preuve de plus, après les guerres et le creusement des inégalités sociales, du mal-développement de nos pays et des relations déshumanisées qu’ils entretiennent avec les régions du Sud. La perte de biodiversité procède des causes identiques à celles qui trafiquent le climat et obèrent l’avenir de l’Homme. S’élever contre le comblement des marais, la déforestation ou le bétonnage du littoral, ce n’est pas seulement pour garantir la pérennité des espèces vivantes qui s’y réfugient, c’est aussi combattre un mode sociétal en prenant le paysage, les animaux et les fleurs comme des armes à la fois affectives, esthétiques et scientifiques. Oui, le nazisme opposait la forêt à l’Homme et le subordonnait à elle. Confondre l’écologie et le nazisme, c’est encore opposer les destinées humaines et de la vie terrestre en général. L’écologie n’a d’autre but, dans son fondement original, que de promouvoir la maison-mère, la Terre, comme seul et unique lieu de vie et d’harmonie. Nous ne serons jamais assez écologistes tant que la pauvreté, la surexploitation, les fins de mois difficiles et le stress au travail (ne souriez pas) continueront de miner le bonheur individuel et collectif.
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