(Crapaud calamite – Bufo calamita, Castello d'Empuries, Espagne,
le 15 avril 06)
Que va-t-il advenir des crapauds calamites de la région grenobloise ? La commune d’Echirolles en abrite une population importante, près de mille individus actuellement regroupés dans une vaste carrière humide. Problème : ce site doit faire l’objet d’un profond réaménagement, en particulier pour accueillir une nouvelle gendarmerie. La commune, qui s’est engagée en faveur du développement durable à travers la rédaction d’un Agenda 21, veut montrer l’exemple. L’amphibien est en voie de disparition en Isère et bénéficie d’un statut de protection élevé. Les bulldozers ne seront pas lâchés tant qu’aucune mesure compensatoire n’aura été trouvée pour sauver les animaux. De l’avis des naturalistes eux-mêmes, conserver le site en l’état ne serait pas forcément le meilleur choix. Cette carrière, complètement cernée par l’urbanisation (usines, immeubles, autoroute), hypothèque la survie des petits crapauds à moyen terme. Leur mise sous cloche empêche en effet le brassage génétique et conduirait tôt ou tard à l’affaiblissement puis à la disparition des batraciens.
Les crapauds calamites se sont repliés ici après les bouleversements successifs du milieu. La partie sud-ouest de l’agglomération grenobloise, autrefois sillonnée par des sources et régulièrement inondée par les crues du Drac, offrait un biotope idéal pour les amphibiens. Aujourd’hui, la carrière apparaît comme un camp retranché. Deux hypothèses principales sont étudiées pour sauver les animaux. On a d’abord pensé à les déplacer vers des sites où l’amphibien est déjà présent (les gravières naturelles du Drac tout au sud de l’agglomération) de manière à renforcer les populations autochtones. Les associations planchent aussi sur leur transfert dans des milieux recréés pour eux, ailleurs dans la vallée du Grésivaudan. Cette deuxième solution est plus onéreuse car elle nécessite des travaux de creusement de mares sur le lit inférieur de l’Isère. Elle permettrait cependant d’élargir la zone de distribution du crapaud calamite, réduite comme une peau de chagrin avec la rectification des cours d’eau et le captage des sources ces trente dernières années.
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