(Plaza de Mayo, Buenos Aires, Argentine, le 29 juil. 06)
Hier, Pinochet est mort. Un symbole des heures sombres de l’Amérique du Sud disparaît. C’est une fête pour tous ceux qui ont subi dix-sept années de dictature au Chili. L’occasion aussi de rappeler aux plus jeunes les leçons de l’histoire. La mémoire du sang et des larmes est nécessaire pour éclairer l’avenir. C’est une fête avec un regret : la justice n’aura pas eu le temps de s’emparer d’Augusto Pinochet. Le chef de la junte militaire a été dénoncé avec force par les médias et le spectacle (souvenez-vous de la chanson de Sting, They dance alone, en 1987), certes. Rien n’aura pourtant vraiment troublé sa retraite dorée.
A croire que les dictateurs s’en sortent toujours. Qui se souvient de ceux qui se sont succédé dans le pays voisin, l’Argentine ? Quelle attention avons-nous porté à la tragédie des desaparecidos, citoyens dissidents qu’une Ford Falcon attendait au coin de la rue et qu’on jetait vivants au-dessus de l’Atlantique ? Trente mille morts sous les dictatures de gauche cautionnées par l’Union soviétique en Argentine (dix fois plus de victimes que sous Pinochet). Et un silence assourdissant en Europe occidentale. Un silence qui rappelle curieusement celui dont nos dirigeants, démocrates et républicains s’il en est, gratifient Vladimir Poutine aujourd’hui. Qui, suis-je bête, n’est pas arrivé au pouvoir par la force.
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