Quebrada de Humahuaca, Argentine, le 10 août 06
L’Homme est-il condamné à l’affreuse, à l’absurde
solitude dont la course pour le profit personnel et l’accumulation des
richesses révèle l’insondable gravité ? Peut-on encore le doter d’une
destinée, d’une signification collective ? Caractéristique marquante de
notre espèce : nous savons nous interroger sur notre propre nature. Nous
savons nous remettre en question, à l’échelle individuelle. Inexplicablement,
cette singularité n’est jamais relayée par les dirigeants, actionnaires
tenaillés par d’immuables ratios de gestion et politiques aux visions d’un
avenir en pourcentage. On constate alors que dans le règne animal, la règle sociale
est une loi naturelle, qui ordonne à chaque espèce sa survie, et que ces
règles-là sont sans cesse broyées dans les sociétés humaines, jusqu’à menacer
celles-ci de disparaître. L’intelligence égoïste fait échec à l’instinct
social. C’est elle aussi qui, en imposant des valeurs de performance, de
compétitivité et d’asservissement dénoue notre lien à la Nature, notre amour
inconscient et gratuit pour elle. La méditation sur la vie et sur la
mort, débarrassée de toute référence à Dieu (tel que créé à l’image de l’homme
du moins), est une condition nécessaire pour une prise en compte de soi et
des autres. A croire que la vie les émerveille si peu, que la mort ne les
meurtrit jamais : ceux qui nous gouvernent semblent si loin d’avoir adopté
cet exercice de conscience.
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