Buenos Aires, Argentine, le 29 juillet 2006
Il m'arrive, à des heures impossibles, de zapper avec une ardeur concentrée sur la télé, ne serait-ce que pour vérifier l'inanité encombrante de la religion cathodique. Dans cette logorrhée d'images fabriquées, ne trouverait-on pas un gag, un incident, une coïncidence qui redonnerait foi en une vie au-delà du show mortifère? Je m'adonnais à ce sport l'autre soir, et tombant sur une chaîne belge, je découvrais la chanteuse Jeane Manson vantant les mérites d'un breuvage destiné à apaiser les effets de la ménopause sur l'humeur. J'arpentais le lendemain le quai d'une gare. Une vraie gare, avec des vrais trains de bruit et de métal, pas un décor chromé de plateau télévisé. Et c'est pourtant bien elle qui tirait sur son mégot, assise sur un banc du quai, ses petites valises à ses pieds chaussés de bottes en cuir noir. L'héroïne publicitaire Jeane Manson m'a brièvement souri quand mes yeux sont restés collés sur elle, en haut de l'escalier. Elle a regardé ailleurs, moi aussi, j'ai filé mon chemin avant de me retourner quelques pas plus loin. Pour vérifier. Non, je n'avais pas la télécommande à la main.
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