Kuala Lumpur, Malaisie, le 24 août 2005
Les oiseaux m’ont réveillé ce matin, il n’était pas
six heures. La fenêtre grande ouverte sur les arbres a fait rentrer un tonnerre
de chants dans la chambre. J’ai commencé à essayer de reconnaître les
différents oiseaux qui s’époumonaient, et puis l’esprit, mystère des
aiguillages, est passé à autre chose. Je me suis mis à dérouler tout ce qu’il resterait à faire ces prochaines semaines, dans mon boulot et dans ma vie. Le
brouhaha des oiseaux, musique du générique d’un printemps encombré. Est-ce que
je suis sûr de ne rien oublier ? A un moment, le coucou a jeté un drôle de cri énervé,
comme si on le dérangeait. J’ai repensé à l’élection, au destin de ce pays
indéchiffrable, à ses misères en talonnettes. A ce jeune boucher-charcutier à
son compte interrogé hier, qui m’a soutenu pour y être passé que les
conditions de travail dans les hypermarchés sont inhumaines, et qui préfère se
lever à trois heures et demi pour aller s’occuper de ses bêtes.
Questions insolubles dans le petit déjeuner, les tartines trempées dans France
Info. Il est huit heures et quart, j’ai coupé le sifflet à un De Villepin plus
auto-satisfait que jamais. Je ne supporte plus le vacarme condescendant de ces
politiques gris. Le café noir refroidit dans une tasse jaune, à droite du
clavier. Les oiseaux se sont calmés. On entend de la musique d’un poste
de radio, vaguement, de chez un voisin. Il est au moins à peu près certain
qu’il ne fera pas aussi chaud qu’hier.
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