Puerto Piramidès, Argentine, le 22 août 2006
On aime, longtemps. On s’en rassure plus tard, dans le confort des cendres encore tièdes, pour se gonfler de l’apparence d’une vie vécue. Un matin, toutes fausses pelures arrachées, on se réveille le cœur nu. Le carrousel des solitudes a creusé le doute. Les aplats d'un automne en embuscade ont recouvert les sanguines des passions. Plus rien n’atteint l’aubier caparaçonné de l'âme, ni le chant des merles ni le drame gravé dans une lettre, et surtout pas le rire d’une femme qui passe sous sa fenêtre. Qui étions-nous à courir dans l’écume de jouir ? Pourquoi ces empressements mouillés, ces larmes qui dévoraient nos chairs ? Le cœur rangé dans sa poussière amère a tout exprimé. Il ne pulse qu’une seule et ultime question, commandé par la mécanique obstinée du vent - qui finira par s’enrayer d’elle-même : quelle est la vérité de nos élans vulnérables et mortels ?
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