Quabrada Grande, Costa Rica, août 2004
Quand tout déborde, quand tout dégorge. La course ou l’abri. J’aime cette pluie qui bouscule le monde en quelques minutes. Pas le petit crachin volatil et collant sous la brume picarde, non, la grosse averse, impétueuse et têtue qui cloue ses pointes d’eau avec le marteau noir des nuages. C’est cette pluie-là qui ranime la Terre et la remet à neuf. Démaquille les cicatrices de l’âme aussi : la pluie qui crépite et s’acharne fait soupirer les coeurs qui tentaient de contenir leurs larmes derrière les carreaux. Je guette une pareille submersion sous ma tropique alpine depuis quelques années, calendrier en main. « Il ne pleut plus comme avant, tu as vu ? » Je n’ai que faire de ces chiches pipis qui repoussent les chanterelles tout au bout de l’automne et mouillent le fond des mares sans jamais plus les remplir. Ces temps-ci, il a plu, un peu. Pluies nocturnes et muettes, à peine révélées par le capot luisant des voitures à l’heure de reprendre le chemin des embouteillages. Des pluies en douce et d’autant plus amères, qui ne purgent pas nos démons ni n’abreuvent les poètes.
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