Saint-Véran, Hautes-Alpes, le 8 juin 2007
Il se passe de drôles de choses en politique dans
mon pays. Voilà bien deux ou trois ans que l’on pronostiquait la victoire de
Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007 et nous l’avons eue. Ce n’est
pourtant pas faute d’avoir crié au loup, au fasciste, à tout ce que la gauche
est capable d’imaginer de pire dès qu’elle se retrouve à bout d’idées
constructives, quand elle n’est plus capable d’inventer un modèle social.
L’issue de ce scrutin a montré les limites de la stratégie de la peur quand les coeurs sont vides d’espoir. L’espoir, pourtant, a resurgi dimanche soir, contre
toute attente. On nous avait prédit un phénomène maritime de couleur bleue
(forcément, la mer n’est pas encore rouge sous nos latitudes) aux élections
législatives et c’est finalement le parti socialiste qui reprend du rose aux
joues. Il faut bien sûr se réjouir de ce remuement des orteils de la
démocratie, après la crainte d’une hémiplégie de l’exécutif. Et tant pis, au
passage, si la gauche se préoccupait moins de cet équilibre quand elle a raflé
20 régions sur 22 en 2004... Avec un gain d’une soixantaine de députés
supplémentaires, les militants retrouvent toute l’énergie nécessaire pour
fourbir les armes d’un avenir à gauche. Mais au fait, de quelle gauche faut-il
parler ? Celle des trotskistes qui veulent en finir une bonne fois pour
toutes avec le capitalisme et la liberté individuelle ? Celles des
communistes dont je cherche toujours la moindre idée moderne dans un parti qu’a
financé l’URSS jusqu’en 1981 ? La gauche socialiste, qui, de Mélenchon à
Strauss-Kahn, offre un camaïeu de grenat et de rose-bleu artistiquement
improbable ? J’avoue craindre les contre-effets de ce regain électoral, en
particulier le prolongement jusqu’à la prochaine défaite de ce mariage forcé entre des composantes, des sensibilités qui ne
rêvent pas d’un même avenir pour la France (à supposer que les politiques rêvent encore au-delà de leur siège). A contrario, une plus franche déculottée des
partis de gauche aurait certainement accéléré leur rénovation. Elle aurait au moins imposé aux
socialistes l’urgence de s’aligner sur la pensée des partis socio-démocrates
européens, ceux qui ont eu le cran de reconnaître les vertus de la flexibilité
du travail par exemple. J’aurais mal à ma France, un peu plus, dans cinq ans, si
je devais encore entendre la gauche agiter la peur du loup et du fasciste en
guise de discours politique. On en connaît maintenant les effets, de cette
posture-là…
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