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28 décembre 2007 dans Australie, bleu | Lien permanent | Commentaires (23) | TrackBack (1)
Wycliffe, Northern Territory, Australie, le 7 août 2007
En descendant vers le désert, on atterrit à Wycliffe. Une minuscule bourgade qui s'étire le long de la route, avec une pompe à essence, un drugstore et de quoi passer la nuit tranquille sous les eucalyptus. Ca ne paie vraiment pas de mine et pourtant le lieu est réputé à travers tout le pays. Les passionnés d'extra-terrestres et de soucoupes volantes s'y donnent régulièrement rendez-vous. Ils sont persuadés que Wycliffe accueillera bientôt la première armada officielle de martiens sur Terre. C'est dans le ciel de Wycliffe qu'ils ont recensé le plus grand nombre d'objets volants non identifiés. Les murs de la cantine du camping sont d'ailleurs recouverts de coupures de presse qui relatent ces étranges phénomènes.
Si nous n'avons rien vu passer entre les étoiles, nous avons quand meme ressenti une ambiance très étrange. Des fresques naïves décorent les murs et le parc du camping est jonché de monstres en carton-pâte verts et roses. Quand on pousse la porte du restaurant, on tombe nez à nez sur King Kong et Hulk, sagement assis sur un lit à baldaquin. Et puis des drôles de sons, pas très mélodieux à vrai dire, s'échappent de la pièce voisine. On y découvre un monsieur sans âge et aux oreilles immenses, arc-bouté sur son orgue électrique. Il faut bien se concentrer sur les notes pour trouver quelques subtiles différences d'un morceau à l'autre. Avec le recul, je me suis demandé si cet homme, imperturbable derrière ses partitions, n'était pas le premier extra-terrestre parmi nous. Ses arpèges de l'au-delà grincent encore dans ma tête. Oui, c'était un appel au ralliement des forces célestes.
27 décembre 2007 dans Australie, gris | Lien permanent | Commentaires (8) | TrackBack (0)
Montvendre, Drôme, le 25 décembre 2007
Vous aurez été un peu plus de 100 000 Internautes, d'après SiteMeter, à avoir ouvert la porte de ce site au moins une fois cette année. Un grand, très grand merci à vous tous, que vous soyez passés un jour par hasard, par erreur ou par réel intérêt pour ce que j'essaie de partager depuis trois ans.
100 000 visiteurs et 200 000 clics, ce n'est pas rien et ça réchauffe le coeur. Vous êtes les acteurs d'une très belle aventure humaine, vous tous et en particulier les quelque 70 personnes qui passez me lire au moins une fois par jour. Tempérons ce bonheur : au regard de ce que des blogs du même âge réussissent à capter aujourd'hui, 100 000 visiteurs, cela reste très peu. Le positionnement éditorial d'Avant La Lettre et son parti-pris formel n'oeuvrent pas à sa popularité. Double leçon de réalisme et de modestie : la Nature et la relation de l'Homme à elle ne font pas tellement recette, que le sujet soit abordé sous l'angle politique, scientifique ou poétique. Savez-vous par exemple que les Internautes atterissent ici dix fois plus souvent en tapant "Renault" qu'avec "Grenelle de l'environnement" dans leur moteur de recherche? Un comble quand on connaît mon peu de cas pour la cause automobile.
Les premières semaines de 2008 seront déterminantes pour la pérennisation d'Avant La Lettre. La forte chute de l'audience ces deux derniers mois (- 35 %) m'interroge sur ma capacité à savoir faire de cet espace un véritable blog, c'est-à-dire un lieu interactif et d'échanges, spécialement fédérateur de questions environnementales et de contemplations naturalistes en dehors du champ militant traditionnel. La publication de notes davantage connectées avec l'actualité environnementale n'a pas produit les effets escomptés. Il semble difficile de susciter beaucoup de réactions tant que l'on s'efforce de rester factuel. Sans doute faut-il savoir s'armer de davantage de subjectivité et de partialité pour générer de la réaction et attirer de nouveaux lecteurs. Ou alors prendre soin de pousser plus loin, plus fréquemment les analyses, en démontrant à la blogosphère politique que l'écologie est un sujet au moins aussi passionnant et digne d'intérêt que les chances de Ségolène Royal en 2012. Plus d'assiduité serait aussi nécessaire, ici même en publiant plus régulièrement, et chez vous, amis blogueurs, en vous signalant davantage mes lectures de vos propres notes.
J'emporte en vacances mon sac d'hypothèses et de réflexions. Une chose est sûre : quelle que soit la destinée de ce blog, l'expérience de la discussion et du partage virtuels m'aura appris des tas de choses sur la réalité du monde. A moi d'en tirer le meilleur profit, au bénéfice de vous tous. Merci encore.
26 décembre 2007 dans France, gris | Lien permanent | Commentaires (44) | TrackBack (1)
Revel, Isère, le 6 avril 07
Il y a des moments de combat, d’autres de résignation. Surtout ne pas montrer ce sentiment de défaite qui me gagne certains jours, quand le monde entier, blogosphère comprise (n’est-elle donc vouée qu’à refléter les égoïsmes et les égotismes qui minent le monde depuis trois mille ans me dis-je parfois), quand le monde entier, oui, semble courir à rebours des certitudes que la vie, l’amour et les voyages m’ont chuchotés.
C’est dans le combat qu’on éprouve le mieux la suprême beauté du monde.
Le combat, ce n’est pas l’affrontement, pas plus que la sagesse n’est renoncement. Combattre pour un monde meilleur, c’est se convaincre d’abord soi-même chaque jour de l’indépassable poésie qui nous surplombe – et se laisser frôler par elle, comme une femme amoureuse au premier instant où elle ose. La hardiesse, la grande liberté contemporaine, c’est apprendre à s’ouvrir aux joies silencieuses, les plus précieuses maintenant que nous en connaissons la rareté : dans l’étoile de givre qui s’attarde sur la vitre, dans la fuite rousse d’un goupil en maraude, dans l’éraflure secrète de l’écorce du frêne. Il n’est de meilleur psychanalyste que le vent dans la ramée, ni de plus fidèle confidente que la langue d’écume sur le sable. Le sentiment de s’accorder avec le monde, de vivre en lui, inspire une force, une exultation qui n’ont d’écho que dans le sourire et l’étreinte.
C’est ce combat, la défense de la beauté, la promotion du vivant, qu’il nous faut tâcher de mener, et tant qu’il nous sera donné la force, la vérité d’aimer les autres. Joyeux Noël à toutes et à tous.
22 décembre 2007 dans France, rouge | Lien permanent | Commentaires (27) | TrackBack (0)
Balises: humanisme, philosophie, écologie
(Concert du 1er janvier 2007, Lisbonne, place du Commerce)
1 - BURIAL : Untrue. Ovni soit qui mal y danse.
2 - TORD GUSTAVSEN : Being there. Eloge de la retenue.
3 - JONI MITCHELL : Shine. Beau.
4 - BABYSHAMBLES : Shotter's nation. Fringues & Flingue
5 - I AM JOHN : Loney, noir. Les Midlake de 2007.
6 - THE CINEMATIC ORCHESTRA : Ma fleur. Jardin d'hiver.
7 - THE SHINS : Wincing the night away. Et la lumière fume...
8 - RUFUS WAINWRIGHT : Release the stars. Ciel, de la pop !
9 - WILCO : Sky blue sky. Blue suede lose...
10 - ROBERT WYATT : Comicopera. Bourru sauvé des os.
Ratés cette année (flemme, mauvaise foi, acte manqué, cor au pied, piscine etc.):
ANIMAL COLLECTIVE, RADIOHEAD, PJ HARVEY, BENJAMIN BIOLAY, ARCADE FIRE, BUGGE WESSELTOFT, DAY ONE...
Plus jolie découverte posthume :
THE ZOMBIES : Odessey and oracle (1968). Des mélodies comme s'il en pleurait...
Massacres à la tronchonneuse :
1 - FLORENT PAGNY CHANTE BREL. Ensemble, tout est possible...
2 - MIKA : Life in a cartoon movie. In-sup-por-ta-bleuh.
3 - JAMES BLUNT : All the lost souls. "You"re just awful, just awful..."
4 - DAFT PUNK : Alive 2007. Si au moins c'était vrai.
20 décembre 2007 dans gris, Portugal | Lien permanent | Commentaires (10) | TrackBack (0)
Balises: best albums, music, top albums 2007
Phrygile Petit-Deuil - Mourning Sierra-Finch, Phrygilus futiceti, Péninsule Valdes, Argentine, août 2006
Vers l'extrémité de l'Amérique, les oiseaux ont perdu leurs couleurs. Ils prennent les tons des longues grèves, reflètent le charbon du ciel. Même leurs chants se dispersent comme la cendre.
C'est un peu comme nous en toute fin d'année. On est au bout du continent, des sourires partent en fumée. Sur mon bureau, les crayons font grise mine. Je fais le bilan de la traversée, le compte d’oiseaux n'y est plus tout à fait.
20 décembre 2007 dans Argentine, dans mon plumier, gris | Lien permanent | Commentaires (9) | TrackBack (0)
Sossusvlei, Namibie, juillet 2003
Si la désertification des âmes pouvait au moins dessiner de telles dunes, j'accepterais plus facilement ce qu'on tente par tous les moyens de nous faire gober. D'ailleurs, pourquoi résister à la potion magique : lavés de toute intelligence, tout sursaut ensablé, l'amour desséché, bip bip, nous ne ressentirons plus rien de ce que d'ici j'appelle encore souffrance.
"Ce que tu désires attise ma souffrance
Ce que tu désires t'emporte loin de moi
Ce que tu désires me fait quitter la France
Ce que tu désires..."
(Jean-Louis Murat &... Carla Bruni, "Ce que tu désires", album "Moscou", 2005)
(C'est vrai, ne nous plaignons pas, on l'a gratis, notre dinde de Noël)
17 décembre 2007 dans jaune | Lien permanent | Commentaires (15) | TrackBack (0)
Balises: carla bruni, désert, nicolas sarkozy
Je me gardais cette région d'Espagne un peu pour moi, cette terre aride, vierge et sauvage, à l'écart des grands axes, loin des rivages ultra-bétonnés et du tourisme de masse. L'Aragon, théâtre des combats de mes aïeux républicains, revient sous les feux de l'actualité pour un tout autre drame. Le gouvernement autonome aragonais vient d'officialiser la création d'un nouveau... Las Vegas, en plein coeur de cette steppe magnifique.
Une ville de jeux et de loisirs, de béton, de bruit et de bitume couvrira bientôt, d'ici 2015, plus de 2000 hectares de ce coin hautement sensible et merveilleux. Los Monegros, pour les intimes. Le projet, baptisé Gran Scala, est la lubie d'un consortium international baptisé ILD, appuyé par les capitaux-risqueurs de l'Union Franco-Arabe. Il englobe la construction de pas moins de 32 casinos et 70 hôtels, 230 restaurants, 500 commerces, 5 parcs d'attraction, un golf, un palais des congrès et un hippodrome. Les investisseurs espèrent drainer ici 25 millions de touristes par an, acheminés par de nouvelles liaisons routières que le gouvernement aragonais s'engage à financer. Au total, la construction de Gran Scala coûtera la bagatelle de 17 milliards de dollars (prévoir au moins le double donc, sans compter les pots-de-vin).
Qui pouvait prévoir une telle tragédie, une si vive défaillance culturelle et humaine à l'heure des grands discours sur le développement durable, l'économie de l'énergie, la préservation des sols ? Dans une région qui souffre déjà du manque d'eau, quels nouveaux faramineux besoins allons-nous devoir satisfaire ? En cet îlot de quiétude sur une planète défigurée par le consumérisme, voilà qu'on vient chier, pardon pour la précision du terme, sur nos espérances, déjà bien déboisées, d'un monde meilleur.
Pour qui s'est rendu dans cette région, minérale, poétique, immense, peuplée d'oiseaux très rares ailleurs (Outardes canepetières, Gangas catas, Sirlis de Dupont), pour qui en a senti vibrer l'âme sèche et profonde, cette annonce fait l'effet d'un déchirement aussi douloureux que la trahison d'un ami cher. Elle montre aussi que l'Espagne, de Franco hier à Zapatero aujourd'hui, n'a toujours pas fait le deuil de son complexe américain. Las Vegas en Espagne? Perd et manque.
Lectures complémentaires (en espagnol) : Greenpeace Espagne, Publico, Zaragoza Plus, El Pais.
(la petite photo, prise en déc. 2002, illustre les plateaux de Belchite, une région limitrophe de Los Monegros. Je me rends sur place à la fin du mois pour ramener des images du site - il faut faire vite pour immortaliser, le premier coup de bulldozer est prévu le 15 sept. 2008).
14 décembre 2007 dans Espagne, noir | Lien permanent | Commentaires (27) | TrackBack (0)
Balises: aragon, ecology, gran scala, las vegas, los monegros, spain
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