marché de Tanah Merah, Malaisie, le 20 août 2005
Je n’ai pas d’image moins triviale pour qualifier l’action politique telle qu’on nous la sert depuis (au moins) l’été dernier en France. Ses détracteurs ne s’y étaient pas tellement trompés : la frénésie du candidat Sarkozy aura bien déteint sur les mouvements du président face à ses responsabilités. Emblématique de nombre de ses prestations, sa volonté de relever les quotas européens de pêche témoigne d’un empressement bien regrettable. Hardi petit ! Nos océans sont presque vides mais le chef de l’Etat veut permettre aux pêcheurs de se dépêcher d’aller racler les derniers fonds. Sans aucun souci de long terme, ni pour les stocks ni pour les travailleurs de la mer eux-mêmes, qu’on encourage donc à s’étouffer avec les ultimes arêtes de cabillaud.
Ce n'est pas faire montre de tendresse que de précipiter ainsi les pêcheurs à leur perte. N’aurait-on pas mieux fait de réunir la profession et les syndicats pour lancer un vaste chantier de restructuration du secteur, en reconnaissant au passage la nécessité de désindustrialiser une partie de la flotte ? Eût-il été faire insulte à l’intelligence humaine d'admettre l’impasse de la pêche telle qu’on la pratique depuis trente ans ? A satisfaire aussi bassement les revendications d’une poignée des pêcheurs, on offre à ces derniers, et par là même à l'ensemble des Français, une vision bien raccourcie, sinon vulgaire, de l’action politique. Quand on manie les grands concepts tels que la politique de civilisation, quand on sait prononcer un discours tel que celui qui clôtura du Grenelle de l’Environnement, on est en droit d’attendre autre chose que des agissements à l’emporte-pièce et ces caresses de fier-à-bras.
(bande-son : "Relax (don't do it when you want to come) - Frankie goes to Hollywood)
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