Enfants du village de Tasik Chini, Malaisie, août 2005
Pas d’autoroute pour atteindre le village de Tasik Chini. Trois heures pour faire cent kilomètres, trois heures entre jungle et prairies et lacs, pour rejoindre un prophète tamoul et ses contes plein de vérité.
Ici les papillons, les calaos, les grenouilles, les geckos et les enfants prenaient ensemble le temps de l’insouciance, le temps des rires, le temps du temps.
Chaque jour les gens du village empruntaient ce ponton rafistolé au-dessus du lac. Selon l’heure, on voyait passer les grands-mères avec du linge, les pêcheurs avec leurs filets, des jeunes filles sages sous des ombrelles et des adolescents un peu plus remuants, surtout l’après-midi à la sortie des classes. Le ponton tenait par la grâce d’Allah et entre ses planches vermoulues grimpaient les roseaux. Et pourtant toutes les personnes l’empruntaient avec la même assurance, semblant presque danser dessus. Le confort est aussi une question d’habitude.
Il y a un bout d’autoroute à la sortie de ma ville, qui ne sert plus à rien. Juste une bande grise et morte, qui n’a plus subi la morsure des pneumatiques depuis quatre ans au moins. Et vous savez quoi ? Ce bitume a commencé à se lézarder un peu partout. En ont jailli des herbes, celles que les esprits étroits nomment « mauvaises ». D’ici peu, c’est sûr, et si la bretelle ne rouvre pas, on verra des papillons voleter autour.
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