Chirens, Isère, le 2 mars 2008
Ce matin vers six heures, un
arbre est tombé. Un bruit effroyable, comme si la terre s’entrouvrait. Un
brisement d’os de géant, un craquement organique et lourd, d’autant plus
violent dans le sommeil perlé de merles. Comment peut-on supporter le cri
de tous ces arbres qui tombent, là-bas, dans ces paradis dévastés ?
Je suis allé voir dans la forêt
un peu plus tard, à la recherche du cadavre, la peur au ventre. Mais la colline
est escarpée et la boue collante des orages de la nuit a arrêté ma quête. J’ai
eu peur de tomber moi aussi. Quel bruit fera le corps de ceux que j’aime quand
ils tomberont ? Et si je n’en retrouve pas la trace ? Y aura-t-il
encore des merles pour adoucir le chagrin ? Un arbre tombe, et c’est un rêve d’éternité qu’on arrache au coeur.
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