Fort Cochin, Kerala, août 2008
Allongé vers le centre de la pièce, je vois par la fenêtre le sommet des arbres griffer le ciel en coton gris. Pas un bruit pour érafler la patine d’un concerto de Tchaïkovski, même la petite chatte couchée sur mon ventre ne veut plus ronronner (tu es sûre que ma respiration ne te dérange pas ?). C’est un espace-temps suspendu à d’invisibles minutes qui ne correspond à rien de particulier, je n’en attends d’ailleurs rien de précis. Il est quelque part sur le cadran de l’après-midi, le téléphone n’a plus sonné depuis longtemps, le monde s’estompe. La feuille oblongue et jaune d’un châtaignier s’envole mollement, cet arbre-là semble mourir chaque automne un peu plus vite. Mes yeux finissent par se fermer un peu et même si le sommeil ne me cueillera pas tout à fait, le petit silence doux de l’âme suffira à me faire oublier les sourires que je n’ai pas croisés aujourd’hui. La réforme du capitalisme peut attendre encore un peu.
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