Karakola, Tamil Nadu, juillet 2008
A Karakola, la pierre et les muscles ont fondu sous le soleil alors on prie sous la voûte des arbres. Les colonnes du temple sont des chevaux de plâtre hénissant de toutes leurs dents qui amusent les galeries de singes. Dans ce décor surréaliste, on croit rencontrer des enfants rieurs et c'est finalement bien eux qui, sous d'âpres apparences, s'approchent du touriste ébaubi. J'ai rarement été remué dans mes voyages comme ce jour-là, désemparé par autant de singuliers contrastes : la curiosité chérubine des habitants de Karakola et leur souffreteuse silhouette, la nature triomphante et les raideurs macabres, la religion farceuse et la mort en déambulation. Ce vieil homme et cinq ou six autres après lui m'ont inspecté en silence alors que j'arpentais l'allée de leurs prières. Nous ne nous sommes jamais parlé, je les ai laissé nous deviner, nous accepter brièvement à l'orée de leur village. Leurs images ne cessent de me poursuivre et me serrent encore la gorge. Scrupules, honte, inquiétude, fascination. Quel Dieu faut-il louer pour avoir permis un monde si inégal, un amour si illisible?
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