Corcovado (côte pacifique), Costa Rica, août 2004
Ma play-list de l'été était incomplète. Il faut rajouter d'urgence la réédition d'un CD que je viens tout juste de découvrir dans des frissons humides, l'unique album de Dennis Wilson, "Pacific Ocean Blue", paru en 1977. Dennis Wilson surfait dans les Beach Boys, aux côtés de ses frères Brian et Carl, mais j'ignorais totalement son destin jusqu'alors. Relégué à la batterie pour cause d'insuffisance vocale, il s'efforça de prendre sa revanche à travers cet album solo, triste à faire pleurer l'océan. Passé une première écoute un peu languide, les chansons de Dennis Wilson révèlent un talent d'écriture absolument magnifique. Du style Beach Boys ensoleillé, l'hirsute batteur n'a gardé qu'une poignée de chansons bricolées à la hâte, pour se concentrer sur une mélancolie pianotée hautement troublante. Sa voix, si moquée par ses propres frères, se perd ici dans un halo de réverbération; déchirée par les substances toxiques, elle n'en est que plus belle. La maison de disques a eu l'excellente idée d'adjoindre non seulement des bonus (tous impeccables) mais aussi et surtout un deuxième CD composé des chansons du deuxième album, "Bambu", qui n'a jamais vu le jour. Dennis Wilson a été retrouvé mort noyé sur une plage, rejeté par cet océan pacifique qu'il chérissait, en décembre 1983, à l'âge de 39 ans. On a rapporté de lui qu'il était amoureux des femmes et de la vie, toujours prêt à la déconne, fidèle à ses (trop?) nombreux amis, et toujours, en même temps, trimbalant une insondable vague de tristesse. C'est elle qui se livre, sans fausse pudeur, dans cet écrin testamentaire. A sa sortie, "Pacific Ocean Blue" échoua à la 96e place des charts américains. Réédité le 18 juin dernier, il a atteint la 8e... La hype créée sur Internet et sur You Tube en particulier portent Dennis Wilson vers une sorte d'amère postérité.
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