Pics à ventre blanc (Dryocopus javensis), Mudumalai NP, Tamil Nadu, août 2008
[Aucun montage sur cette photo, dois-je préciser d'emblée. Ces quatre bandits à plumes, appelés aussi Pics géants de Java, sont littéralement tombés du ciel pour se percher sur des arbres morts alignés et les détrousser de leur long bec avec un acharnement nerveux. Quelques cris comme des rires menaçants et ils s'évanouissaient déjà dans la laitance de ce jour de mousson.]
Souimanga asiatique femelle (Nectarinia zeylonica), Ooty, Tamil Nadu, août 2008
[Cinq journées furent vraiment consacrées à l'ornithologie indienne. C'est trop peu pour un pays qui abrite plus de 1000 espèces. J'en suis revenu avec une frustration positive, qui creuse encore mon désir d'y retourner.]
jeune Goéland leucophée (Larus michahellis), Port de l'Estartit & Isles Medes, Catalunya, novembre 2008
Déplier les ailes du désir, gonfler les voiles du vent, les confondre doucement dans l'estafilade bleue de la mer
Remonter le cours des joies pures, simples et fluides comme un parfum d'huile d'olive
Lâcher la main froide et mouillée de l'automne pour caresser la chevelure de l'été encore
Revenir à sa mémoire, retrouver cette succession de gestes familiaux, familiers
Ne rien faire qui se raconte ou qui se compte durant quatre des jours
Rentrer avec une certitude : il y a toujours quelque part la vie qui continue de mordre.
Perruche à collier (Psittacula kramerii manillensis), Kanchipuram, Tamil Nadu, juillet 2008
A la demande pressante de quelques lecteurs bien-aimés, je reprends le plumier. La Perruche à collier n'est pas à proprement parler une espèce endémique de l'Inde. Présente à l'origine en Asie et en Afrique centrale, la voilà qui s'installe un peu partout à travers l'Europe (je l'ai vue à Lisbonne en décembre 2006, elle traverse le ciel bruxellois depuis une vingtaine d'années) et en Amérique du Nord. D'autres petits perroquets envahissent peu à peu le littoral méditerranéen, comme la Conure veuve, débarquée d'Amérique du Sud, qui niche dans les palmiers de la Costa Brava. Ces colonisations sont très certainement provoquées par la combinaison de facteurs tels que des cages mal fermées, l'évolution climatique et l'instinct naturellement expansif de cet animal facile à domestiquer.
Cape Tribulation, Queensland, août 2007
"Je sais que l'unique chant, de tous les chants anciens le seul digne, l'unique poésie est celle qui se tait et aime toujours le monde, cette solitude qui rend fou et vous dépouille." Antonio Gamoneda
Et un jour le monde devint plus froid et silencieux.
(Je ne suis pas sûr de revenir ici. Que le coeur vous garde.)
Loriquet à tête bleue (Trichoglossus haematodus) - rainbow parakeet, Sydney, 27 juillet 2007
Cela fait presque un an que j'ai accosté le pays du bout du monde. Souvenir comme si c'était hier des premiers instants à Sydney dans la fraîcheur matinale, quand le métro nous largua, sans bagages, face aux gratte-ciels.
La longue déambulation vers la baie, la lumière, le pont, l'opéra, les perroquets qui prenaient le café avec nous. La contorsionniste sur le port, les grands bateaux, les sourires un peu partout sur les visages, les Aborigènes grimés qui vendaient du pipeau synthétique. Le Chinese fast food, l'opéra encore, le jardin botanique...
Toutes les images du voyage, je crois que je pourrais les citer dans l'ordre tant je m'en suis imprégné, gavé, gorgé. Les voyages me donnent des souvenirs, me laissent des couleurs, des musiques, des sensations détaxées du quotidien. Dans tout ça, je puise de la force pour l'année, des soleils pour les jours creux et encombrés. J'ai besoin d'être ailleurs de temps en temps pour me sentir mieux ici.
J'ai aussi besoin de distance pour combler ma faim de connaître. L'écran de l'ordinateur joue de la vie, fait miroir et cache finalement l'essence des choses et des êtres. L'Australie elle-même est un éden qui enfouit plutôt bien ses misères, les petites et les grandes. Elle n'était qu'un rêve de gosse turbulent qu'il me fallait atteindre, symboliquement à l'aube de ma quarantaine bourgeoise. Cette année, le voyage sera tout autre, nous ne serons pas à la noce. Le pays qui me prendra la semaine prochaine vit les tripes à l'air et ses centaines de millions d'habitants se marchent sur les pieds pour quelques roupies de sansonnet. On me dit que j'aurai un choc, que je voudrai rentrer le lendemain même, que je ne supporterai pas la misère. Sait-on pourtant qu'après tous ces petits oiseaux collés paresseusement dans mes carnets, il me faut une odeur un peu plus violente?
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