vers Solitaire, Namibie, le 1er août 2003
Le ciel d'Afrique, à la fin du jour, ressemble au passé. Un passé qui me demande si j'ai vu ce qu'il m'empêche de voir.
Sous les strates mémorielles, dans l'attente d'étoilements : ce continent a ouvert ma nostalgie en deux comme un abricot. J'ai gratté là des souvenirs impossibles, jusqu'aux blanchissements de la toile, jusqu'à l'usure des images. Le sentiment du berceau, je ne l'ai retrouvé nulle part ailleurs qu'en ces soirs encensés, sous mes pas lestés de sable, au-dessus de mes mains trop petites pour porter le silence. De terre, de lait, d'épices, partout cette odeur entêtée me rapprochait du sein maternel et fauve.
Je voudrais que l'Afrique soit mon tombeau, comme un retour aux sources. Le dernier cri comme une première empreinte.
(Juste après cette photo, presque à mes pieds, une mangouste frétillante a joué l'ultime sursaut de l'enfance.)
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